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Portrait

L'inspecteur Guacamol
surpris par le flash

AVERTISSEMENT

Vous venez de débarquer sur le blog de l'inspecteur Guacamol. Il ne s'agit pas d'une plaisanterie, alors faites-moi le plaisir de ravaler votre petit sourire narquois. Guacamol est un dur, un vrai, un type qui a roulé sa bosse et qui pourrait en remontrer à tous les Derrick de la terre. C'est clair ?

28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 16:13

Milena, prenant alors appui de ses deux mains sur le bureau, se penche dangereusement en avant, compressant ce faisant entre ses deux bras son opulente poitrine qui manque pour le coup de sortir de ses gonds, sous les yeux de Guacamol, pour leur part au bord de l'excavation.

"Si nous allions nous coucher ?" susurre la jeune fille avec une lenteur étudiée qui pourrait sous-entendre un embarquement imminent pour cythère en classe affaire.

"Sapristi ! s'exclame l'inspecteur en jetant un oeil -qui s'était entre-temps excavé définitivement - sur sa montre : déjà 3 heures ! Vous avez bien mérité quelques heures de sommeil, Miléna. Rentrez chez vous, on se retrouve au bureau à 8 heures, 8 heures 2.

Alors que la secrétaire s'apprête à passer la porte d'une démarche lasse, l’inspecteur la rappelle :

- Miléna... Milèna ? Miléna ! C'était ça votre idée ? "Aller se coucher" ?

- Oui, inspecteur.

- Ca n'avait donc rien à voir avec le dossier Bruckner, n'est-ce pas ? Je veux dire... enfin, vous allez me dire si je me trompe mais... le fait d'aller dormir ne constitue pas une éventuelle solution à la résolution de cette affaire ? Si ?

Miléna revient sur ses pas et s'affale sur la chaise disposée perpendiculairement au bureau de Guacamol, de telle sorte qu'elle lui fait à présent face, ce qui est beaucoup plus pratique pour discuter.

- Inspecteur... vous ne connaissez rien de moi, rien de ma vie...

- Je...

- Ne dites pas "je" avec trois petits points, c'est ridicule, et écoutez-moi plutôt.

Miléna, les yeux mi-clos mais cependant dans le vague, s'exprime d'une voix lasse, comme usée prématurément par les vicissitudes de l'existence.

- J'ai passé mes vingt premières années en Ukraine, dans la banlieue de Bilhorod-Dnistrovskyï, à un jet de pierre d'Odessa, où j'ai été élevée par ma grand-mère, dans une petite cahute de bois ouverte à tous les vents : celui du sud, qui passait rarement, celui de l'ouest, parfois, celui de l'est de temps en temps, mais surtout celui du nord, qui vient s'écarteler. Je n'ai pas connu mon père, qui était alcoolique à Kiev, et qui frappait ma mère, que je n'ai pas connue non plus, vu qu'elle habitait avec mon père. Et je me souviens très bien... oui, comme si c'était hier... je me souviens très bien de ce que me disait ma grand-mère, le soir, au moment d'aller se coucher, et qu'il fallait briser les draps congelés à la masse avant que de pouvoir enfin se glisser entre eux. J'étais comme tous les enfants, inspecteur et je me demandais, tout comme eux, pour quelle raison il fallait aller se coucher chaque soir au risque de se faire amputer d'un membre le lendemain matin, alors qu'il y avait tant de belles choses à faire dehors comme embrasser des garçons ou torturer un clochard. Face à mes protestations, ma grand-mère m'adressait un sourire bourré de tendresse, et elle me répétait chaque soir - et ça, je ne l'oublierai jamais, inspecteur - elle me disait : "La nuit porte conseil".

Miléna allume une cigarette tandis que Guacamol l'observe en silence, tout en opinant du chef d'un air appréciateur.

"Ma parole, j'ai la berlue où cette fille est en train d'essayer de me draguer ?" pense-t-il en continuant d'opiner machinalement.

- C’est une bien belle leçon de vie que vous nous donnez là, Miléna. Et Bilhorod-Dnistrovskyï doit être une bien jolie petite bourgade. Et comme j'aurai aimé rencontre votre grand-mère. Comment s'appelait-elle déjà ?

- N'y pensez même pas, elle a été dévorée par des loups en rentrant du marché. Bon, c’est pas le tout, inspecteur, mais je suis complètement fracassée, alors je vais aller mettre la viande dans le torchon et je vous dis à tout à l'heure.

Une fois seul, Guacamol se confectionne un lit de fortune sur son bureau, se servant du pot à crayon comme d'un oreiller. Mais la phrase de la grand-mère de Miléna tourne et tourne encore dans sa tête jusqu'à l'obsession, et les première lueurs du jour qui filtrent à travers ses vitres peintes le surprennent au petit matin, un stylo bic et trois trombones plantés dans les fesses.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 16:29

Une fois de retour à l'hôtel de police, Miléna entreprend de préparer des spaghettis carbonara dans la bouilloire du service. Tandis qu'elle cherche dans les tiroirs de son bureau ce qui pourrait bien faire office de lardon, Guacamol s'installe derrière le sien et allume une cigarette mentholée de marque américaine, mais probablement fabriquée en Tunisie avec le reste de vieux mégots récupérés sur les trottoirs. Il observe l'acre fumée monter au plafond et aussitôt attaquer les peintures. Le plafonnier est sur le point de céder lorsque Parisi entre dans la pièce :

- Patron, les gens du quartier nous téléphonent pour se plaindre. Un habitant qui n'a pas voulu laisser son nom prétend que vous avez un ragondin crevé enfermé dans l'un de vos placards. L'odeur a envahi le pâté de maison et menace de s'étendre sur toute la ville. Plusieurs personnes âgées ont d'ores et déjà été hospitalisées, et trois femmes enceintes ont accouché avant terme.

- Ca va, ca va, réponds Guacamol irrité, je l'écrase, inutile de me refourguer vos balivernes à chaque fois.

Tout en vissant rageusement sa cigarette dans le cendrier en rotin que lui avait fabriqué son ex-femme lors d'un séjour en ashram de 1976, l'inspecteur note dans un coin de sa tête pas trop éloigné : "envisager un de ces jours d'arrêter de fumer entre chaque cigarette".

Par la fenêtre du bureau, on aperçoit la nuit, noire, vraiment noire, à tel point qu'on a l'impression qu'on a peint les vitres d'une peinture absolument opaque et mate.

- C'est prêt, inspecteur, s'écrie joyeusement Miléna, la bouilloire pleine de pâtes entre ses mains graciles, à propos, ça ne vous gêne pas trop la peinture absolument opaque et mate sur vos fenêtres ?

- Ne dites pas n'importe quoi. Vous voyez bien qu'il fait nuit, répond Guacamol sur un ton agacé. 

- Vous, vous n'avez pas l'air dans votre assiette, dit Miléna d'une voix détachée tout en versant une généreuse portion de pâte dans le mug du policier.

- Comme par hasard il n'y a pas un seul lardon dans ma portion, grogne Guacamol les mâchoires serrées,  ...et qui c'est qui va tous les récupérer, hein ?

- Dites-moi plutôt ce qui vous tracasse...

- J'ai un mauvais pressentiment sur le dossier Bruckner, j'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de sérieux.

- Je voulais dire : ce qui vous tracasse vraiment...

- Eh bien... pourquoi les lardons ne se répartissent-ils jamais de façon homogène dans la carbonara ? C'est un truc que je n'arrive décidément pas à piger, et ça me rend malade ! Je suis rarement grossier mais : merde !

- Inspecteur, il faut parfois accepter de ne pas tout comprendre pour continuer à avancer sur le long chemin de la vie, sans se retrouver à faire du stop comme un idiot avec un jerrycan vide dans les mains.

Le regard de l'inspecteur se teinte alors d'une douce brume vaporeuse au parfum d'antan.

- Je vois ce que vous voulez dire, Miléna. J'ai déjà vécu ce genre d'expérience, et tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est encore pire quand il pleut.  

- Oh ! J'ai une idée, inspecteur !

- Vous n'êtes pas payée pour ça, mais dites toujours...

 

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 17:20

Lorsque les deux collègues pénètrent dans l’antre d’Arthur Lepic, la musique saute dans leurs oreilles qui n’en croient pas leurs yeux : sortant de deux grosses enceintes fixées au mur par des chevrons de 24, « La grosse bite à dudule » envahit la pièce et rebondit joyeusement sur tous les murs (quatre en tout).

Installé dans un fauteuil en osier, Arthur Lepic est occupé à sécher ses larmes.

- Mais ! s’exclame l’inspecteur, je connais cette version : c’est  le Casino de Knok-le-Zout, 25 février 1992. J’ignorais que ce concert avait fait l’objet d’une édition.

- Pas précisément, précise le serial killer en devenir, c’est un enregistrement effectué par mes soins.

- Quoi ? s’exclame une nouvelle fois Guacamol, vous étiez à ce concert ?

- Je vous jure, inspecteur. Preuve en est : cet enregistrement effectué par mes soins. J’étais à celui-là, et à tous les autres. En tant que président du fan club de Linda Brucknel, à l’échelle mondiale, je me dois d’accomplir ce sacerdoce.

- C’est donc ça, Linda Brucknel, murmure Miléna, songeuse. Mais c’est complètement nul, non ?

A ces mots, Arthur Lepic se lève, puis se rassois aussitôt, en larme.

Guacamol fronce les sourcils en direction de sa secrétaire

- Vous avez des connaissances musicales ? Vous avez fait le conservatoire ? Non ? Alors épargnez-nous vos jugements incultes !

- Je joue un peu de kazoo…

L’inspecteur lève les yeux au ciel, puis se dirige vers la porte d’entrée, les épaules lasses.

Une fois de retour dans la voiture, il interroge la nouvelle recrue : « Alors, comment avez-vous trouvé cet épisode ? En toute franchise, bien sûr ».

La secrétaire fait la moue, elle semble chercher ses mots. Au bout de quelques minutes qui semblent des heures, elle finit par en trouver deux : « A chier ». L’inspecteur, piqué au vif, la somme d’argumenter un peu. Miléna s’exécute de bonne grâce : « Disons que ça commençait plutôt bien, avec cette histoire de serial killer, mais ça a vite tourné au n’importe quoi avec cet enregistrement pirate de Linda Bruckner. Franchement, Inspecteur, tout le monde s’en fout ».

Pour toute réponse, Guacamol rit à gorge déployée : « Ah ah ah ! Miléna, vous êtes merveilleuse ! »

- J’avoue ne pas bien comprendre…

- Vous allez bientôt savoir, pas d’inquiétude. En attendant, embrassez-moi…

- Ca va pas non ?

- Bon alors faites-moi un petit pouic-pouic sur la tête.

- Bon, ça d’accord.

Tandis que la nuit recouvre peu à peu la grande ville de son manteau charbonneux, la 305 file sur le périph comme une balle de magnum 44 en route vers sa cible.

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 17:01

-         C’est pour quoi ?

Le type n’a pas l’air aimable du tout et son physique un peu rude ne fait que renforcer la prime impression : cheveux gras et épars, à tendance pelliculaire, sourcils en ramasse-miettes, œil chiasseux (un seul), bouche tordue découvrant par moment une série de dents qui ne partirait même pas sur ebay avec une mise à prix de 1 euro.

Miléna, dans un réflexe auto protecteur bien compréhensible, vient se blottir entre les bras musculeux de l’inspecteur.

-         Mon Dieu, qu’il est vilain !

-         Je vous présente Arthur Lepic, serial killer contrarié.

-         Que voulez-vous dire, Inspecteur ?

-         En fait, la vie entière de cet individu est gouverné par une obsession : tuer des femmes. Seulement, il est trop timide pour les aborder, alors il tourne autour du pot, si j’ose dire. Mais rien ne dit qu’un jour, il ne trouvera pas au plus profond de son âme les ressources nécessaires pour passer à l’acte. Et quand ce jour sera venu, qui sera là, tapi dans l’ombre, prêt à coffrer l’ignoble assassin ?

-         Linda Brucknel ?

-         Ecoutez Miléna, je…

Mais l’inspecteur s’interrompt car il a surpris un mouvement de sourcil inopiné provenant de la tête multiforme d’Arthur Lepic.

-         Mais dis moi, mon petit Arthur, aurais-tu à voir avec la disparition de Madame Brucknel ?

-         Elle a disparu ? Mais c’est atroce.

Et aussitôt l’être difforme rentre dans sa maison en trottinant et en larme.

-         Curieuse réaction, susurre Guacamaol en se pelotant le menton. Et si on le suivait ? Allez, on le suit ? Bon en tout cas, moi j’y vais.

-         - Ecoutez, j’hésite, hésite Miléna, en tant qu’homme, vous risquez pas grand-chose, alors que moi… En plus, je ne suis que secrétaire, moi, j’ai rien à faire là, si on y réfléchit bien.

L’inspecteur sort alors une fausse moustache de sa poche :

-         Collez vous ça sous le nez… j’ai dit « sous le nez »… Voilà, et maintenant vous arrêtez de geindre, ça me déconcentre.

Le couple gravit le perron fait de pierres mal ajustées et de torchis grossier (avec une rambarde en fer rouillée qui a depuis longtemps oublié la douce caresse du peintre sur ses formes accidentées) et pénètre dans la sombre demeure.

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 11:50

Dans la 305 banalisée qui file sur l’autoroute A 23, Guacamol explique la situation à Miléna qui n’en perd pas une miette.

-         Si j’ai bien compris, Inspecteur, Linda Brinckel a disparu.

-         Je vois que vous pigez vite, Miléna. Ca me change de Duvier et Parisi.

-         A ce propos, pourquoi m’emmenez vous sur cette affaire, plutôt que les deux sus-cités ?

A ces mots, l’inspecteur accompli un geste évasif de la main : « Duvier a une haleine de coyotte qui empeste l’habitacle, et il refuse obstinément de prendre des cachous. Quant à Parisi, sa poitrine est nettement moins intéressante que la vôtre.

Miléna fixe le bitume, elle semble réfléchir. En fait non, elle ne réfléchit pas, elle fixe juste le bitume.

La 305 sort à la bretelle 28, puis s’enfonce dans les rues d’une banlieue sordide, faite de petits pavillons en préfabriqué coincés entre deux barres d’immeubles démesurés. La voiture s’arrête devant le 50, rue Boileau.

- Nous y voilà, s’exclame le policier d’un air entendu. Il descend, puis indique à Miléna que si elle veut descendre aussi, elle doit avant toute chose défaire sa ceinture de sécurité.

Tandis que le gros index de Guacamol écrase la sonnette, Miléna s’interroge tout haut : « Ce serait donc dans ce petit pavillon délabrée qui se cache Linda Brucknel ?

-         Vous croyez qu’il suffit de se rendre à une adresse au hasard pour résoudre la clé d’un mystère. Ne soyez pas naïve, ma pauvre fille.

-         Ca se dit : « résoudre la clé d’un mystère » ?

-         Ici, c’est moi le patron.

-         Ok, donc, on est venu ici par hasard ?

-         Cessez de me prendre pour un débile ou vous allez finir cette enquête dans le coffre de la voiture. Vous savez qui habite ici ?

Pas le temps d’émettre une supposition, car la réponse apparaît, en chair et en os, par l’entrebâillement du portail qui vient de s’ouvrir.

Grâce à une main judicieusement posée sur sa bouche, Miléna retient un cri…

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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 14:54
Quand Guacamol sort de son bureau, il constate que Miléna a découvert le poste de radio que Madame Richard a laissé avant de disparaître on ne sait où. Tandis que la station diffuse une chanson du groupe festif Ottawan (« T’es Ok, t’es bath, t’es in »), la jeune femme se contorsionne langoureusement en détachant un à un les boutons de son chemisier. Une indescriptible moiteur, faite de désir latent et de lascivité exacerbé, envahit l’atmosphère. Le dernier bouton saute et les seins de la secrétaire, tels deux fiers obus de la guerre de 14, jaillissent à l’air libre. Pendant ce temps, Duvier et Parisi se sont subrepticement rapprochés et ne perdent pas une miette du spectacle.Duvier a enlevé le ceinturon de son pantalon et se lacère machinalement le dos tout en poussant des grognements incompréhensibles. Quant a Parisi,la bouche ouverte, il se contente de baver.Sur une jaquette de vidéo porno, on qualifierait sans doute l’ambiance de très « hot ». Seulement, nous sommes à l’hôtel de police et l’inspecteur se charge de le rappeler aux étourdis en passant le poste de radio par la fenêtre.
«  Mais vous êtes taré, inspecteur, on est au 5ème étage ! » s’exclame Duvier.
« On va être obligé d’acheter une autre radio » se lamente Parisi.
« Pas sûr, rassure Miléna, avec un peu de chance, la tête d’un passant aura amorti sa chute ».
Guacamol lève ses mains, paumes vers le ciel : « Ecoutez, les gars, ok, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris. Mais on va pas en faire une pendule non plus. Je vous en achèterais un autre avec des lumières qui clignotent si vous voulez, mais en attendant : au boulot ! »
A l’évocation d’une nouvelle radio avec des lumières qui clignotent, Duvier et Parisi ne se sentent plus de joie et dansent en poussant des cris de joie.
L’inspecteur darde son regard de fer dans les yeux de la secrétaire.
- Miléna… Reboutonnez-vous, nous partons en mission.
 
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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 11:51

Sur la première page s’affiche en toute lettre : « Affaire Linda Brinckel ». La bouche de l’inspecteur s’entrouvre, laissant échapper la cigarette qui choit sur le plancher. Linda Brinckel… N’est-ce pas cette chanteuse pour enfant qui a fait parler d’elle en publiant un livre de recettes pour maigrir ? Le policier secoue la chemise fébrilement, une photo tombe sur le bureau. Brune, la quarantaine, les joues bien rebondies : c’est bien elle. Mais elle avait pris un sacré coup de vieux depuis que l’inspecteur l’avait vue en concert au casino de Knok-le-Zout. C’était il y a quoi ? Quatre ans tout au plus. Putain d’ambiance ! Il se souvenait tout particulièrement du rappel, quand elle avait chanté a cappella « La grosse bite à Dudule » devant un parterre de chérubins au bord de la crise extatique. Après ça, le service d’ordre avait eu un mal fou à faire évacuer la salle. Grand moment d’émotion.

Depuis, l’inspecteur avait un peu perdu sa trace, jusqu’à cette histoire de livre de recettes. Bien sûr, il l’avait acheté, mais c’était une immonde tambouille à base de salade cuite, de choux fleur et de brocolis cuits à l’eau. Très peu pour lui. Il l’avait offert à Batistou pour son départ à la retraite.

Guacamol parcourt rapidement le dossier avec l’œil du professionnel avisé. Il en ressort que Linda Brinckel a disparu depuis deux semaines sans laisser de trace. Son manager qui commençait à se faire du mourrons a fini par prévenir la police. Et c’est à Guacamol qu’on refile cette affaire de naze, alors qu’un beau soleil brille dans le ciel et qu’on serait bien plus à son aise sur le bord d’une rivière à taquiner le goujon. Merci Dutaillis…

Mais l’inspecteur n’est pas le genre de type à détourner le regard lorsque le devoir l’interpelle. Il refait ses lacets, enfile son vieux pardessus rapé (celui avec lequel il s’en va l’hiver, l’été, dans le petit matin frileux, mon vieux).

Place à l’action !

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 17:08

Mais Guacamol n’est pas le genre de type à se laisser impressionner par une carrosserie de compétition et une paire de pare-chocs passés au polish. D’un signe du menton, il lui indique de le suivre. Avec cette catégorie de poule, le langage du menton est encore le plus adapté.

L’inspecteur s’écroule sur son vieux fauteuil fatigué, un ressort lui rentre dans le derrière.

- Alors comme ça, vous êtes la nouvelle,dit-il en déposant lourdement ses pieds sur le bureau.

- A qui de vous trois je donne la réponse ? répond la fille en claquant des cils d’un air effronté.

- Donne-la à ma chaussure droite, c’est la spécialiste du bottage de train, si tu vois ce que je veux dire.

La secrétaire accuse le coup tandis que derrière elle, collés à la vitre, Duvier et Parisi font des grimaces pour faire rire l’inspecteur. Il se lève d’un bond et sort.
- Merde les mecs ! Quoi, c’est pas sympa ! A chaque fois vous me faites le coup ! Vous savez bien que j’ai du mal à garder mon sérieux !

Les deux hommes baissent la tête et Parisi prend la parole en regardant ses chaussures :

- C’était pour rigoler, faut pas nous en vouloir.

-  Bon allez, ça va pour cette fois. Le suspect a avoué ?

- C'est-à-dire qu’il parle, là, mais vu qu’il a plus de dents, on comprend rien à ce qu’il raconte.

- C’est pas grave, prenez tout en sténo, on se débrouillera après. Allez, filez !

Guacamol retourne s’asseoir et s’allume une cigarette.

- Alors, c’est vous la nouvelle ? Je vous garantis que vous aller vous mettre à table ! J’en ai fait cracher des plus coriaces que vous, ma jolie !

- Oui, c’est moi.

- A la bonne heure ! Nom et prénom et que ça saute !

- Popovitch Miléna, 25 ans, demeurant au…

- Ca on verra plus tard, quand vous m’inviterez à une soirée barbecue.
- Mais je n’ai pas de barbecue…

- Achetez en un avec votre premier salaire. En attendant, allez vous installer à votre bureau, c’est le premier en sortant.

La tigresse, domptée, s’exécute sans broncher.

Une fois seul, les yeux de l’inspecteur se posent sur ce fameux dossier qu’il n’a pas encore eu le temps d’ouvrir…

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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 16:13

Lorsque Guacamol arrive au bureau, Duvier et Parisi s’appliquent à écraser un bottin sur la tête d’un suspect.
- Bon Dieu! Je me faisais un sang d’encre! Où étiez-vous passé?
-  A la Poste prendre ce bottin. Parisi et moi on en avait assez de se déformer les mains sur les suspects.
- Ca se défend. C’est un tout nouveau, là, non?
- Oui. L’autre ne répondait plus, Ca devenait lassant.
- Très bien. Résultat de la perquisition ?
- La porte était fermée à clé, alors on a frappé. Pas de réponse. On a pas osé insister.
« Toujours ce vieux problème de clés, hein ? » bougonne l’inspecteur en se passant la main sur son menton rasé de frais (avec une coupure).
«  On se tue à le répéter, ça ralentit les enquêtes, s’emporte Duvier, mais j’ai l’impression que tout le monde s’en fout. Ah ! La remplaçante de Madame Richard est arrivée. »
« Ouais » complète Parisi avec un petit sifflement qui en dit long.
«  Ne vous laissez pas distraire de votre travail, les gars. Je suis sûr que ce type a plein de vilaines choses à cacher » dit  guacamol en pointant un index sévère sur l’homme dont la langue pend d’une façon répugnante.
«  Vous pouvez compter sur nous inspecteur » s’exclame Duvier en abattant joyeusement le bottin sur la tête du suspect.
Guacamol s’apprête à entrer dans son bureau lorsqu’il aperçoit la remplaçante. Blonde, les yeux comme des calissons d’Aix avec une olive au milieu, les lèvres comme deux sangsues voraces collées l’une à l’autre.
- Vous êtes la nouvelle, n’est-ce pas ?
La fille se lève : deux lianes sans fin sortent de sa jupe pied de poule, mais mieux que des lianes : plus dodues et sans les petits fils qui traînent un peu partout…

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 11:48

L’inspecteur attend le retour de ses deux agents. Mais il est déjà 21 heures, une lune blafarde troue l’anthracite du ciel et Guacamol tourne autour de son bureau, inquiet. Il allume une cigarette, arrose son caoutchouc et à bout de nerf, se décide à agir. Il sort de son bureau. Dans l’obscurité de la grande salle, un gémissement imperceptible : c’est Madame Richard.
- Inspecteur, j’ai mal.
- Tout va s’arranger, ne vous inquiétez pas. Quelle idée aussi de faire la fofolle sur son bureau ! Allez, tenez bon.
Une fois chez lui – un vieux F1 perché en haut d’une tour – l’inspecteur se détend un peu. Au programme, bière, pâtes à l’ail et un bon film d’aventure exotique sur RTV7.
Max Wilder, jeune héritier, organise un grand Safari avec quelques amis au pays du roi Zento. Tout occupés à poursuivre un tapir, ils pénètrent sans le savoir dans un territoire tabou. Les sherpas s’enfuient en hurlant et le petit groupe est capturé par les sbires de la cruelle reine Bagnia. Sur le point d’être sacrifié au culte de l’Oterbala, une mort terrible les attend…
Mais l’inspecteur s’endort avant la fin. Mal installé dans son canapé, son sommeil est entrelardé de vilains cauchemars : il voit comme s’il y était ses deux agents Duvier et Parisi aux mains de la cruelle Reine Bagnia. Elle tient absolument à les dévorer vivants et les deux agents manifestent leur totale désaccord avec force cris et gesticulations.
Guacamaol se réveille en sueur. Puis il enfile un pyjama et part se lover dans la couette.
- Vivement demain matin, qu’on y voit plus clair.

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